Sénégal // La République sous hypothèque
Les dés sont désormais jetés avec la fin, ce soir à minuit, de la campagne électorale du second tour opposant le président sortant Abdoulaye Wade de la coalition FAL 2012 et Macky Sall de la coalition Bennoo Bokke Yaakaar.
Quel retournement de situation pour Abdoulaye Wade éjecté de la position qui était la sienne en 2000 contre Abdou Diouf en se retrouvant au banc du mal aimé seul contre tous.
Seul contre tous les 13 autres candidats qui étaient au départ de la Présidentielle 2012 forts de leur 65% des voix obtenus au 1er tour, Abdoulaye Wade se démène comme un vieux diable pour s'accrocher à son fauteuil chancelant dangereusement et sur le point de l'éjecter.
Certes la Politique n'est pas une science exacte, le report sur Macky Sall de toutes les voix obtenues au 1er tour par ses adversaires et partisans d'aujourd'hui moins évident qu'il ne paraît mais force est de constater que Macky semble bien parti pour être le quatrième président du Sénégal.
Si tel est le cas, ça ne sera que justice, Macky Sall ayant été le seul candidat à avoir fait un travail de terrain en profondeur, sillonnant, non seulement le pays mais aussi tous les continents à la rencontre des Sénégalais pour baliser son parcours.
Macky Sall y a cru dès la formation de son parti politique et contrairement à Tanor, Niasse et compagnie de Benno Siggil Sénégal, il a bien préparé sa campagne électorale et n'a pas versé dans l'hypocrisie, l'amateurisme et la naïveté qui ont affaibli la dynamique du mouvement unitaire qui a permis à l'opposition de remporter de nombreuses victoires lors des dernières locales.
Abdoulaye Wade, par contre, n'a pas du tout été aidé par les siens qui semblent ne lui avoir jamais tenu un langage de vérité sur la situation économique, financière et sociale désastreuses auxquelles est confrontée la majorité du peuple Sénégalais.
Pour avoir érigé en systéme, la corruption, le clientélisme et l'arbitraire,
Pour avoir perverti les consciences, gangréné la vertu, la dignité et le sens de l'honneur des Sénégalais qu'il croyait pouvoir manipuler à sa guise par l'argent,
Wade et les siens risquent de sortir par la plus petite des portes de l'histoire politique du Sénégal.
A trop jouer avec la ruse, Wade a fini par s'embourber dans ses contradictions et ses mensonges d'état,
A trop se mêler de tout et de rien,
A trop intervenir dans beaucoup de dossiers du Monde, à l'emporte-pièce et dans une incohérence à mettre en colère le plus aguerri des Diplomates, Wade a fini par agacer ses Paires avant de tomber dans une sorte de mise en quarantaine sur la scène politique internationale,
A croire qu'avec l'argent, il pouvait corrompre tout le monde, acheter les consciences et diviser le peuple pour régner, Wade n'a réussi qu'à enrichir les membres de son clan tout en appauvrissant et en plongeant de plus en plus profondément dans la précarité, la majorité du peuple Sénégalais,
De là, à indexer et à menacer des citoyens comme lui qui ne lui sont pas favorables, de leur retirer tous les projets de développement de leurs régions s'ils ne votent pas pour lui,
De là, à plier le drapeau de la République avec des courbettes faites de façon honteuse aux pieds de tous les chefs religieux en leur promettant des pans entiers de celle-ci, pour obtenir un "Ndiguël" ( Consigne de vote ),
De là, à décaisser des milliards de francs CFA de la Présidence de la République pour les distribuer à ses responsables politiques à charge pour eux d'acheter les consciences,
De là, à transformer la Présidence de la République en foire aux Larons à la queue leu leu devant les grilles du Palais et les bureaux de ses ministres argentiers pour récupérer des malettes remplies d'argent, version Alex Ségura,
Last but not least, de là, à susciter la peur chez les Sénégalais en brandissant la menace de la cessation de paiement des Fonctionnaires de L'Etat dans 2 mois s'il n'est pas réelu
Il fallait le faire, Abdoulaye Wade l'a fait.
Quel avoeux d'échec d'un Président qui a tout de même reconnu avoir trouvé les caisses de L'Etat bien remplies lors de sa prise de pouvoir et qui après, 12 années d'exercice de ce pouvoir, reconnaît que ces mêmes caisses sont presque vides.
Triste constat d'une situation de crise et d'échec qui, au lieu de susciter l'humilité et la honte chez Wade et les siens, semble plutôt leur servir d'argument de campagne électoral pour justifier leur volonté de briguer un troisième mandat pour avoir le temps de redresser la situation et terminer les "chantiers" que seul, "Wade est capable de terminer".
Personnellement, je ne crois pas que Wade soit aussi incompétent, seulement voilà, un Président, aussi compétent soit-il, a besoin d'hommes et de femmes de confiance compétents à ses côté ; ce qui semble n'avoir jamais été le cas sous l'aire Wade.
Dommage que le constat soit aussi amer parce que je continue à soutenir que Abdoulaye Wade, compte-tenu de son parcours politique, méritait de sortir par la grande porte et de figurer sur la liste des grandes figures de L'Histoire politique du monde.
Vivement dimanche soir et que vive la Démoctarie Sénégalaise.